Corine Fiorenti

TROUBLE PERSONNALITE EVITANTE Comprendre et surmonter

Causes, symptômes et traitement

Versailles Aout 2023

Le  trouble de la personnalité évitante  se caractérise par un comportement de l’inhibition et d’évitement sociale important et persistant. De plus, le trouble s’accompagne souvent d’une peur paralysante et de la honte du rejet. En réalité, la personne ressent un sentiment d’inadéquation et d’hypersensiblilité à l’évaluation négative de la part des autres.

Qu’est ce que le trouble de la personnalité évitante ?

Le trouble de la personnalité évitante fait partie du Groupe C des troubles de la personnalité. Comme les personnalités dépendantes et les personnalités obssessionnelles compulsives. La prévalence du groupe C est l’anxiété. 

En effet, les troubles de la personnalité évitante sont des schémas de comportement persistants non conformes aux normes culturelles. Ils causent aussi une douleur émotionnelle à l’individu ou à son entourage. Le trouble de la personnalité évitante fait partie du groupe qui inclut d’autres troubles de la personnalité marqués par des sentiments d’anxiété et de peur. Les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité évitante souffrent d’un sentiment chronique d’inadéquation et sont très sensibles aux jugements négatifs des autres. Bien qu’ils aimeraient interagir avec les autres. Ces personnes ont néanmoins tendance à éviter les interactions sociales en raison de la peur intense d’être rejetées.

Bien que les personnes qui vivent avec un trouble de la personnalité évitante souffrent de leurs symptômes. Elles souhaitent néanmoins développer des relations personnelles et professionnelles plus profondes. Cependant, elles ne comprennent généralement pas comment ou pourquoi elles s’empêchent de vivre des relations saines et épanouies. En effet, elles se blâment souvent pour leurs peurs et leur anxiété. Et en réalité, cela les empêchent tout simplement de demander de l’aide. Raison pour laquelle elles consultent bien moins souvent que la majorité des personnes qui souffrent d’autres problèmes de santé mentale. Y compris les personnes qui souffrent des troubles de l’anxiété sociale. 

On pense donc, que ce trouble de santé mentale est sous-traité et sous-diagnostiqué. En effet, il est facile de passer à côté du trouble. Car les personnes proches des personnes atteintes du trouble de la personnalité évitante ne le reconnaissent souvent pas comme un problème, mais plus comme un fatalité.

Étant donné que les personnes atteintes du trouble de la personnalité évitante évitent autant que possible les interactions sociales. De cette façon,  elles évitent aussi les interactions avec les professionnels de la santé mentale. Lorsqu’une personne atteinte de trouble de la personnalité évitante cherche une thérapie ou d’autres formes d’aide. C’est souvent parce qu’un membre de la famille ou un proche est préoccupé par les problèmes sociaux dont il est le témoin. D’ailleurs, les porches sont souvent à l’initiative de la demande de traitement.

Tout l’enjeu de la thérapie pour ces personnes est de créer un lien fort et de confiance entre le thérapeute et son patient. Ce qui est aussi un facteur de réussite dans les autres thérapies. Mais d’autant plus important dans ce cas. En effet certains professionnels évaluent que 95% des résultats de réussite d’une thérapie sont ce que le thérapeute et le patient sont capables de construire ensemble. « Le fit » est vraiment important. Le patient doit non seulement aimer et faire confiance à son psy, mais aussi sentir que le thérapeute l’aide à comprendre son problème et à cultiver sa motivation à changer.

Causes et Symptômes

Les Causes du trouble de la personnalité évitante

Les causes du trouble de la personnalité évitante ne sont pas vraiment connus. Néanmoins, ils peuvent impliquer des facteurs génétiques, environnementaux, sociaux et psychologiques. Certains facteurs pathologiques jouent un rôle dans le développement de ce trouble de santé mentale. Notamment les périodes difficiles de l’enfance. La personne aura peut être été confrontée à :

  • Abus émotionnel, anxiété généralisée persistante
  • Avoir été critiquée, se sentir mal à l’aise
  • Avoir été ridiculisée
  • Manque d’affection ou d’éducation de la part d’un parent ou d’un soignant pendant l’enfance
  • Rejet par un parent ou des pairs
  • Circonstances ayant eu un impact sur l’estime de soi et la valeur personnelle

Le comportement d’évitement commence généralement dans la petite enfance ou pendant l’enfance avec la timidité, l’isolement et l’évitement des étrangers ou de nouveaux endroits. Ainsi la plupart des personnes qui sont timides dans leurs premières années ont tendance à s’éloigner de ce comportement. Mais celles qui développent un trouble de la personnalité évitante souffrent de plus en plus de leur timidité. Ainsi à mesure qu’elles entrent dans l’adolescence et l’âge adulte le malaise s’installe et devient persistant et pathologique.

Les personnes qui ont vécues des événements traumatisants ou stressants peuvent aussi développer un trouble de la personnalité évitante.

 

Les Symptômes du trouble de la personnalité évitante

Selon le DSM-5, le diagnostic du trouble de la  personnalité s’établit si la personne a une tendance constante à éviter les contacts sociaux, à être trop sensible au rejet et à la critique et à se sentir inadéquate. Elle doit alors répondre à au moins quatre des critères suivants :

  • Évitement des activités professionnelles impliquant des contacts sociaux importants par peur de la critique, de la désapprobation ou du rejet 
  • Refus de s’impliquer avec les autres à moins d’être certain qu’ils vous aimeront
  • Être réservé dans les relations intimes par peur d’être ridiculisé ou humilié
  • Crainte de la critique ou du rejet dans des situations sociales
  • Inhibition dans de nouvelles situations sociales en raison d’un sentiment d’inadéquation, peur de ne pas être à la hauteur
  • Sentiment d’être socialement incompétent, peu attrayant ou inférieur aux autres 
  • Hésitation à prendre des risques ou à faire de nouvelles choses par peur de l’embarras
Isolement social et difficultés relationnelles :
 
  • Réservé dans ses relations intimes de crainte d’être exposé à la honte ou au ridicule
  • Réticence à s’impliquer avec les gens
  • Pas d’amis proches

Faible estime de soi et sentiment d’infériorité :

  • Se perçoit comme socialement incompétent, sans attrait ou inférieur aux autres
  • Inhibition dans les nouvelles relations de crainte de ne pas être à la hauteur
  • Timidité dans les situations sociales par peur de faire quelque chose de mal
  • Exagération des difficultés potentielles
  • Refus de prendre des risques ou d’essayer de nouvelles choses parce qu’elles peuvent s’avérer embarrassantes

Crainte excessive de la critique et du rejet :

  • Difficulté à s’impliquer avec autrui, à moins d’être aimé
  • Facilement blessé par la critique ou la désapprobation
  • Faire preuve de retenue excessive dans les relations intimes
  • Se sentir socialement incompétent, inférieur ou peu attrayant pour les autres

Évitement des situations sociales et professionnelles :

  • Evite les activités sociales, professionnelles, les activités avec autrui de crainte d’être critiqué ou rejeté
  • Réticence à s’engager dans de nouvelles activités
  • Évitement des activités ou des occupations qui impliquent un contact avec les autres
 

Quelles sont les complications du trouble de la personnalité évitante ?

Sans traitement, une personne atteinte de ce trouble peut s’isoler de la société, entraînant des difficultés à long terme avec le travail et le fonctionnement social. C’est pourquoi, ils sont également plus à risque à développer des troubles mentaux de type :

  • dépression
  • toxicomanie (dépendance aux drogues: cannabis, héroine, cocaîne…)
  • autres dépendances ou addictions (écrans, affective, alcool, alimentation, jeux, sexe, drogue..)

Quelles sont les perspectives pour les personnes atteintes d'un trouble de la personnalité évitante ?

Comme pour les autres troubles de la personnalité, le traitement du trouble de la personnalité évitante est un long processus. Certes, la volonté de l’individu de rechercher et de suivre un traitement peut avoir un effet significatif sur le succès du traitement. Et par conséquent, sur les perspectives de développement de sa personnalité. Avec un traitement adapté, certaines personnes atteintes d’un trouble de la personnalité évitante peuvent ainsi apprendre à établir des relations plus et saines et appropriées avec les autres.

 

Comment traite-t-on le trouble de la personnalité évitante ?

Malgré toute la bonne volonté à entreprendre un travail thérapeutique, le traitement des troubles de la personnalité reste difficile. Car les personnes atteintes de ces troubles ont des schémas de pensée et de comportement profondément enracinés. Et qui existent depuis de nombreuses années. 

Cependant, certaines personnes atteintes d’un trouble de la personnalité évitante ont tendance à être de bons candidats pour un traitement. En effet leurs troubles leurs causes une détresse importante et la plupart veulent développer des relations. De plus, ce désir peut être un facteur de motivation pour les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité évitante à suivre une psychothérapie et se soigner.

Comme pour les autres troubles de la personnalité, la psychothérapie est le principal traitement du trouble de la personnalité évitante. D’une façon générale,  la psychothérapie se concentre sur l’ensemble de la personne que se soit sur le changement des pensées (cognition), du comportement, des émotions et les relations interpersonnelles. C’est pourquoi, la thérapie est susceptible de se concentrer sur le dépassement des peurs, la modification des processus de pensée et des comportements. Enfin, elle aide la personne à mieux faire face aux situations sociales dans sa vie quotidienne.

Objectifs de la psychothérapie individuelle

  • Améliorer l’image de soi
  • Aborder les traumatismes infantiles, la honte, l’agressivité refoulée
  • Etablir une relation de confiance
  • Privilégier la réussite
  • Repérer les activités anxiogènes pour le patient
  • Augmenter la tolérance à l’anxiété pour prendre des risques calculés
  • Encourager et suivre des situations de prises de risque à l’extérieur
  • Favoriser et suivre les tentatives de nouveaux contacts sociaux

En psychothérapie de groupe

  • Feed back des autres personnes devient une source de connaissance de soi et renforce son estime
  • Travail des croyance de la personne auprès du groupe
  • Prise de conscience des similitudes et des différences de chacun

La thérapie familiale

De plus, le traitement des personnes atteintes de ce trouble est plus efficace lorsque les membres de la famille sont impliqués et solidaires à la psychothérapie. C’est pourquoi, des séances de thérapie familiale peuvent aussi être proposées en complément de la thérapie individuelle.