Corine Fiorenti

Ce que chaque victime d'inceste devrait savoir

La guérison peut prendre différentes formes

Versailles Décembre 2023

L'inceste, ne devrait pas exister.
Mais il est fréquent.

Cette simple phrase révèle une bien triste réalité, dont on ne parle jamais, mais dont plus de personnes devraient être informées. L’inceste – en particulier les abus sexuels sur un enfant de la part d’une figure parentale – est malheureusement tristement courant.

Pourtant les problèmes de victime d’inceste ne sont évoqués que du bout des dents. Alors qu’il serait bon de dénoncer les faits comme expérience de la vie réelle. L’information dont nous avons désespérément besoin porte sur des faits réels qui décrivent la réalité des victimes.

 En France un enfant sur dix est agressé sexuellement avant l’âge de 18 ans dont une majorité sont agressés sexuellement par un parent.

En réalité, le silence qui entoure la victime d’inceste peut l’amener à se sentir isolée. Même s’il s’agit d’une expérience très courante. Aussi, il n’est pas rare que les survivants de l’inceste, disent que ce n’est que lorsqu’ils ont commencé à partager leur propre histoire qu’ils ont réalisé qu’ils avaient été entourés d’autres personnes victimes d’inceste toute leur vie.

C’est ce genre de témoignages que me partagent les patients « En partageant mon histoire de traumatisme de l’inceste, j’ai ressenti que la honte m’accablait. Au fil du temps, je réalisais que de nombreuses personnes avaient vécues elles aussi l’inceste. C’est alors, que mon isolement et mes sentiments de honte se sont estompés. Cela c’est fait au fil du temps et de mes prises de conscience. « 

Cet article s’adresse aux victimes de l’inceste que vous soyez une fille ou un garçon. Mais aussi aux témoins ou confidents des survivants et ceux qui commettent l’inceste. Les victimes d’inceste sont partout : dans les salles de classe, dans les entreprises, dans les associations, dans les lieux de culte et même dans nos maisons. Nous connaissons ces personnes et nous ne le savons peut-être même pas. Le tabou qui entoure ce sujet peut rendre difficile la compréhension de l’existence de cette forme de violence sexuelle dans nos communautés. Ainsi que, l’accès aux l’informations nécessaires pour guérir et l’obtention de soutien.

Voici 6 choses que chaque survivant d’inceste et ses proches doivent savoir.

1. L’inceste est fréquent et il peut prendre de nombreuses formes.

Voilà pourquoi il est difficile de parler de l’inceste.  En partie à cause des différentes formes qu’il peut prendre. Aussi, la façon dont cela se manifeste est différente pour chacun. Cette dure réalité peut rendre difficile son identification et son diagnostic. L’inceste peut inclure le viol, l’agression ou les attouchements non désirés. Par exemple, l’adulte expose ses organes génitaux, se masturbe devant un enfant ou force l’enfant à se masturber. Cela peut également être émotionnel. Lorsque le parent traite son enfant comme son partenaire romantique et compte sur l’enfant pour combler tous ses besoins émotionnels.

Ce dont tous les survivants témoignent de manière unanime, c’est un grand sentiment d’insécurité. Et tous témoignent aussi que les actions commises par la figure parentale violent la confiance dont les victimes auraient eu tant besoin. 

De plus la victime d’inceste partage souvent une expérience d’un sentiment de « dégout ». Elle sait consciemment ou inconsciemment et dans leur corps, que quelqu’un s’est approché d’eux trop près physiquement, sexuellement ou émotionnellement.

Comment se manifestent les symptômes de l'inceste?

Voici la liste des différentes manifestations ou symptomes de victime d’inceste :

Les symptômes psychiques : cauchemars de répétitions, pensées intrusives, phobies d’impulsion…

  • Pensées et ruminations dévalorisantes, intensives, obsédantes et incontrôlables
  • Cauchemars à répétition, insomnies, peur d’endormissement
  • Flashs, scénarios dégradants, humiliants, insultants, violents envers soi-même ou les autres
  • Distorsions cognitives, blâme
  • Dissimulation des symptômes par peur du jugement ou de la banalisation

Les manifestations comportementales : dissociation d’origine traumatique, idées et tentatives suicidaires, automutilations…

  • Comportements à risque (consommation d’alcool, drogues, boulimie, décisions irrationnelles…).
  • Idées et actes suicidaires
  • Automutilations corporelles et/ou mentales (besoin de se faire du mal à soi-même)

Les symptômes somatiques : réactivité sensorielle ou corporelle

  • Activation de la mémoire traumatique due à un stimulus sensoriel extérieur : lumière, odeur, bruit, goût, objet….
  • Réactivité corporelle : démangeaisons, irritations, échauffements des parties génitales…

Les conséquences relationnelles : lien d’attachement désorganisé, syndrome du sauveur, recherche de perfection

  • Difficultés d’attachement relationnel (impossibilité de créer des liens stables, sincères et sécurisants)
  • Difficulté pour apprécier les intentions d’autrui (excès de confiance ou de méfiance)
  • Remise en cause systématique de soi face aux attitudes, comportements, réactions d’autrui
  • Absence de limites ou éloignement dans les relations aux autres par peur d’être rejeté, abandonné, désaimé, violenté, manipulé.

Les difficultés sexuelles : Inhibition, troubles de la libido et du désir, sensibilité corporelle, hypersexualité

  • Douleurs lors des rapports pouvant entraîner un vaginisme partiel ou total (entre autre)
  • Enfermement mental dans des « rôles »
  • Rejet de certains gestes (sexuels ou non) ou caresses avec sensations d’effroi ou de dégoût
  • Hyperactivité sexuelle : recherche de partenaires multiples avec mise en danger potentiel, pornographie et/ou masturbation excessive

2. Victime d'inceste? Vous n’êtes pas seul .

Si survivre à l’inceste peut être source d’isolement. Cepandant il est important de savoir que vous n’êtes pas seul. De nombreuses victimes ne parlent pas de ce qu’ils ont vécu parce qu’ils ont peur, honte et restent dans la confusion. Mais parler peut être une partie importante du processus de guérison. Aussi, les victimes trouvent souvent utile d’identifier une personne de confiance dans leur vie. Ce peut être un ami, un membre de la famille, ou un thérapeute. Alors, se sentir en sécurité dans la relation devient très important afin de pouvoir partager leurs expériences et renouer avec des sentiments en confiance envers d’autres êtres humains.

Cependant, de nombreux survivants se sentent intimidés pour parler avec quelqu’un même si ils se connaissent bien. Auquel cas le soutien d’un professionnel de la santé mentale soumis au secret professionnel peut être une option aidante. Ici, le cabinet de psychothérapie est un lieu qui reçoit les victimes d’abus sexuels. Nous mettons tout en place pour que les patients trouvent en ce lieu et grace à ma qualité de présence le soutien nécessaire. De plus, le travail thérapeutique leur permet de trouver la voie de guérison singulière qui leur convient le mieux.

3. Une victime d'inceste peut être affectée dans sa santé mentale et physique .

Si survivre à l’inceste est traumatisant. Il est bon de savoir que le traumatisme peut affecter à la fois le corps et l’esprit.  Aussi, les professionnels s’accordent pour dire qu’il n’existe pas de manière « unique », « normale » ou « bonne » de faire face à ce traumatisme. C’est pourquoi, chaque survivant gère ce qui s’est passé de manière différente pour chacun. Ce qui est très bien ainsi.

« Les traumatismes ont un impact très diversifié sur notre corps et notre santé. En général, il peut s’agir d’avoir des difficultés à se concentrer, à maintenir une attention soutenue, d’être mal à l’aise dans des endroits bruyants, de se sentir anxieux, de perdre le contrôle de ses propres émotions et de faire des cauchemars…. » Toute ou partie de la vie quotidienne peut être affectée suivant la gravité des évenments et la capacité de la personne à les surmonter.

Parfois, les survivants peuvent également ne pas avoir de souvenirs précis des événements traumatiques. C’est ce que l’on appelle l’amnésie traumatique complète ou partielle. Alors, il est normal que de vagues souvenirs reviennent sous forme de flash back. Puis que la mémoire revienne à mesure que le temps passe. Ainsi, la perte de mémoire ou amnésie est un moyen pour le cerveau de protéger les survivants de la douleur de leur traumatisme. Parce qu’ils manquent de mémoire claire, les survivants doivent parfois se fier à leur instinct : ils savent qu’il leur est arrivé quelque chose qui n’allait pas et n’était pas bon pour leur intégrité.

« C’est comme si le souvenir était un nuage de fumée, et avec le temps, ce nuage se dissipe, même si parfois ce n’est pas un souvenir clair et tout à fait complet »

De plus, il est également normal que les survivants éprouvent toute une gamme d’émotions contradictoires.  Ainsi, ces émotions parfois paroxistiques peuvent aller de la colère, de la tristesse et de l’anxiété aux sentiments de culpabilité, de honte ou de haine. Ils leur arrive aussi de ressentir le besoin de protéger leur agresseur et leur famille. Paradoxalement, l’inceste peut être enveloppé des messages d’amour et d’obligations familiales de la part de la figure parentale. Ces situations peuvent ajouter de la confusion dans l’esprit de la victime.

4. La guérison peut elle aussi prendre différentes formes.

Tout comme le traumatisme de l’inceste peut prendre de nombreuses formes différentes. Sa guérison peut aussi prendre de nombreuses formes différentes. Chaque individu est singulier et sa voie de guérison l’est aussi.  Une partie du processus de guérison consiste à identifier les mécanismes d’adaptation qui ont été mis en place lors de l’agression. Puis ensuite de mobiliser les ressources propres à chacun. Enfin les soins personnels adaptés et qui fonctionnent individuellement et dans la temporalité de chacun.

La victime d’inceste doit apprendre à se faire confiance et à faire confiance à ce qu’elle ressent. Même si vos ressentis sont parfois paradoxaux. Des sentiments désagréables et difficiles à contenir peuvent émerger. C’est pour cela que les professionnels de la santé mentale sont là pour vous écouter, vous soutenir et vous aider.

Liste et exemples de stratégies qui peuvent être mise en place pour faire face et survivre à un traumatisme :

  • des exercices de respiration,
  • la tenue d’un journal,
  • l’exercice physique,
  • écouter de la musique,
  • pratiquer du yoga et la méditation pour aider à se sentir présent dans le corps et à gérer ses émotions. 
  • Et comme évoqué plus haut, échanger peut être une étape importante, notamment avec un professionnel

5. Choisir de se présenter ou non à la police est une décision personnelle.

Qu’un(e) survivant(e) choisisse ou non de signaler son inceste et déposer plainte à la police, lui appartient. Ainsi, chaque survivant(e) doit écouter ce qui est bon pour elle. Prendre la décision de faire un signalement judiciaire peut être compliqué pour les victimes. En effet, un certain nombre de préoccupations animent les survivants lorsqu’ils choisissent de signaler ou non. L’amnésie traumatique et la confusion rendent parfois leur témoignage difficile à formuler. A cela s’joute : l’incertitude du devenir à leurs familles, la peur de la défaillance de leur mémoire et le risque que le traumatisme se renouvelle avec les instances policière et judiciaire. 

Il est de plus important que les survivants soient informés que de nombreux professionnels adultes, sont légalement tenus de procéder à un signalement. Les professions comme les enseignants, les entraîneurs et les médecins, les psychologues  sont tenu de signaler aux autorités de l’État s’ils apprennent qu’une personne de moins de 18 ans est victime d’abus, d’abus sexuels et d’agressions. C’est une mesure de protection des mineurs.

6. Plus important encore, les survivants ont le droit de vivre pleinement et en bonne santé.

La chose la plus importante à savoir pour une victime d’inceste est qu’il mérite une vie pleine, avec des moments de bonheur et remplie d’amour. La survie fait partie du tissus complexe de l’identité d’une personne. Cependant cela ne signifie pas que quiconque soit destiné à un certain type de vie, et prisonnier de ses traumatismes.

Les survivants peuvent considérer leur traumatisme comme l’une des réalités de leur vie. Ce qui ne leur enlève en rien leur ambition, leur génie, leur amour pour les autres et un amour profond pour eux-mêmes.

Les victimes de l’inceste sont méritants et capables de mener une vie remplie d’espoir, de résilience et d’amour. Même si la guérison peut être un travail long, difficile et parfois épuisant. Il existe des personnes prêtes à les soutenir et à se tenir à leurs côtés à chaque étape de leur processus de guérison.

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Mathilde M.
Mathilde M.
01/05/2024
Corinne est très disponible et permet de retrouver un équilibre rapidement grâce à ses outils et connaissances. Elle possède de très nombreuses ressources pour pallier à différents types de problèmes et sait s'adapter rapidement. Très humaine avec un réel sens de l'écoute, je la remercie énormément pour son précieux travail.
Grégoire Bourdin
Grégoire Bourdin
30/04/2024
Super expérience avec Corine, dès le début elle à très bien compris ce que je ressentais et ce qui me bloquait ! Après seulement une séance j'en voyais déjà les résultats ! Je recommande vivement !
Nina-Marie Ferreira
Nina-Marie Ferreira
16/04/2024
Madame Fiorenti a été d'une grande aide pendant quelques mois, elle a été à l'écoute et m'a beaucoup aidé à porter un œil différent sur ma situation. Merci encore 🙏
Julie BALDECK
Julie BALDECK
11/04/2024
Très bonne écoute et disponibilité merci
cedric brinda
cedric brinda
06/03/2024
Merci vous êtes un bon psy. Vous m'avez aidé à me retrouver et je vous en remercie énormément.
marie line tadros
marie line tadros
08/02/2024
Je remercie Mme Fiorenti pour son professionnalisme et la qualité de son écoute. Je recommande vivement.
Djé Rajito
Djé Rajito
26/01/2024
Extrême gentillesse, grande écoute et de bons conseils. Pas toujours facile le suivi psychologique, la motivation mais son approche, différente de ce que j’ai connu avant m’aide et plus détendu (vivre l’angoisse quand elle arrive, ressentir ce que le corps dit/réagit). Merci à Corine. 😀
marine guillet
marine guillet
21/12/2023
Madame Fiorenti est une très bonne psychothérapeute. Après des années en suivi de CMP, j ai trouvé une personne qui m écoute et bienveillante. Elle me donne des objectifs, me motive et me soutient+++. Je le recommande vivement.
'Delphine Bonneton
'Delphine Bonneton
05/09/2023
Très bonne psychologue, à l'écoute et rassurante. Je suis en suivi chez elle depuis quelques mois et je ne peux que vous la recommander. Dès la première consultation, elle a su créer un environnement sécurisé et chaleureux qui m'a immédiatement mis à l'aise. =)
Mathilde Mougnaud
Mathilde Mougnaud
30/08/2023
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