Corine Fiorenti

Traumatisme et cerveau : comprendre et guérir

Versailles Janvier 2025

Traumatisme et cerveau sont tous deux impliqués lors d’accident, attentat, catastrophe naturelle, agression physique ou sexuelle, abus psychologiques, décès soudain d’un proche, confrontation à la mort… Face à un événement traumatique le cerveau se dérègle. Puis différents symptômes s’installent progressivement dans le temps. Ces symtômes post traumatiques sont souvent appelés troubles de stress post traumatqie (TSPT). Mais pas seulement, ils peuvent revetir différentes formes comme: flash, pensées intrusives, dépression, troubles anxieux, troubles du sommeil et cauchemars, hypervigilance, colère, troubles du comportement alimentaire, et bien d’autre… Bien que certains mécanismes de défense et sympômes restent encore à élucider. En l’état actuel des connaissances, voici ce qu’il se passerait dans le cerveau lors de la mise en place et la chronicisation des troubles de stress post-traumatique (TSPT) et autres symptomes .

Qu'est-ce qu'un traumatisme ?

Le traumatisme est une réaction à des événements profondément perturbants ou bouleversants qui dépassent la capacité d’assimilation de la personne à faire face à l’expérience qu’elle vit. Cela provoque alors un sentiment d’impuissance, diminue l’estime de soi et sa capacité à ressentir toute une gamme d’émotions et d’expériences sensorielles. Le psycho traumatisme transcende les définitions cliniques. Car il touche le coeur de la vulnérabilité de la condition humaine . 

Les différentes formes de traumatisme peuvent être: 

  • physique, résultant de blessures ou d’accidents 
  • émotionnel, résultant d’abus ou d’une perte 
  • psychologique, résultant d’un stress ou d’une peur extrême

La prévalence du traumatisme est stupéfiante, des études suggérant que jusqu’à 70 % des adultes vivent au moins un événement traumatique au cours de leur vie. Ces chiffres soulignent son impact omniprésent dans les sociétés, les cultures et la condition humaine.

Réponses aux traumatismes : comprendre nos réactions

Notre corps et notre cerveau ont évolué pour réagir au danger de diverses manières en cas de traumatisme : combattre, fuir, se figer et se laisser aller . Ces réponses sont la tentative de notre cerveau de nous protéger. Ces mécanismes de défense sont ancrées dans nos mécanismes de survie évolutifs. Chacune de ces réactions a un but différent pour nous aider à faire face aux menaces. C’est pourquoi, leur compréhension nous aider à être plus compatissants envers les autres et envers nous-mêmes. Et mieux comprendre les réactions lorsque nous réagissons à des situations stressantes.

  • La réaction de « combat ou de fuite » nous prépare soit à affronter la menace de front, soit à y échapper rapidement. En nous battant ou en fuyant.
  • En revanche, la réaction de « gel » nous fige et nous fait devenir immobiles. C’est comme faire pause pendant l’envahissement d’une peur accablante. Servant de mesure de protection pour nous rendre moins visibles et vulnérable.  Cette mesure nous aider à faire face au choc. C’est aussi ce même comportement que les ethologues observent chez les animaux. Ce mécanisme de défense est alors apllelé « mort feinte ».
  • Enfin, la réaction de « se laisser aller » consiste à utiliser l’apaisement ou la conformité comme stratégie pour éviter un danger ou un abus supplémentaire.  En essayant de plaire ou d’apaiser la menace la victime se protège.

Traumatisme et cerveau : l'impact neurologique

Fonctionnement du cerveau en temps normal

Habituellement, lorsque nous vivons une expérience de vie « normale ». Le cerveau traite en continu toutes les informations qu’il perçoit et reçoit. Il choisit d’en retenir certaines et d’autres pas. Il existe ainsi un système de traitement adaptatif de l’information (système inné de guérison). Ce système opérant est régi par  l’architecture cérébrale.  Et par la connectivité entre les différentes aires du cerveau.
Lorsque l’on vit quelque chose d’important émotionnellement. Le cerveau archive cette information. Qui devient ensuite un souvenir que l’on peut contacter et solliciter de nouveau si besoin. En effet, le cerveau juge que ce souvenir va lui servir pour s’adapter à certaines situations futures.
Par exemple, si l’on a vécu quelque chose de déplaisant, le cerveau stocke l’information pour nous permettre de changer notre façon de faire si la situation se reproduit. De la même façon pour reproduire des expériences agréables.

Impact neurologique du traumatisme

Au cœur de nos réactions aux expériences traumatiques se trouvent trois régions cérébrales essentielles : l’amygdale, l’hippocampe et le cortex préfrontal. En effet, ces zones, responsables du traitement de nos émotions, de nos souvenirs et de nos réponses à la peur, subissent des changements importants pendant et après un traumatisme.

En premier lieu, l’amygdale, responsable du traitement des émotions, devient hyperactive. Ce qui entraîne une peur et une anxiété accrues.

L’hippocampe, qui gère la formation de la mémoire, peut être totalement ou partiellement altérée. Ce qui affecte la manière dont les souvenirs traumatiques sont stockés et rappelés à la mémoire. Cette inhibition explique en partie le mécanisme d’amnésie traumatique.

Pendant ce temps, le cortex préfrontal, qui régit la prise de décision et le contrôle des impulsions, peut fonctionner moins efficacement. Cet particularité impacte la régulation des émotions et des réponses au stress. C’est ainsi que l’on peut observer une dérégulation émotionnelle fréqente. 

Enfin l’ensemble des interactions complexes des différentes parties du cerveau peut entraîner des changements durables dans la structure et le fonctionnement du cerveau. C’est ce qu’illustre le concept de neuroplasticité, qui offre également une lueur d’espoir, indiquant la capacité du cerveau à s’adapter et à se remettre d’un traumatisme.

Les mécanismes du cerveau face au traumatisme

Face à l’ampleur, l’intensité et la gravité perçue d’un événement traumatique, le cerveau nous protège par des puissants mécanismes de défense. Ce qui implique parfois sa capacité à archiver correctement les informations reçues.
L’événement traumatique provoque un stress trop intense, fragilisant les différentes interactions entre les zones cérébrales.
Des répercussions sont alors observées, notamment dans quatre zones du cerveau :

L’amygdale

On peut remarquer une hyperactivité de l’amygdale, centre des émotions et de la peur. Cette activité électrique augmentée de l’amygdale intensifie le souvenir traumatique et conditionne la personne à ressentir de la peur, entraînant des symptômes émotionnels majeurs, au premier plan l’angoisse, comme dans une phobie. Cet envahissement par des éléments souvent sensoriels (flashbacks) est à l’origine du syndrome de répétition traumatique.

💡 Hyperactivation de l’amygdale : centre des émotions et de la peur

  • Conditionnement à la peur (angoisse, phobie, TOC…)
  • Intensification du souvenir traumatique
  • Flashback récurrents

L’hippocampe

A contrario, l’hippocampe, qui joue un rôle central dans la mémoire, est atrophié. Ce qui peut expliquer que les personnes exposées à un événement traumatique aient des souvenirs confus ou développent une amnésie partielle sur la façon dont s’est déroulé l’événement. Ce défaut de contextualisation (souvenirs fragmentés) favorise la surgénéralisation du traumatisme et empêche d’en intégrer les enjeux, favorisant les modifications de perception de soi, des autres, du monde…

💡Atrophie de l’hippocampe : région du cerveau responsable des souvenirs

  • Souvenirs confus de l’événement
  • Amnésie totale ou partielle
  • Incapacité à archiver le souvenir

Le cortex cingulaire antérieur

Par ailleurs, le fonctionnement du cortex cingulaire antérieur, qui joue un rôle d’autorégulation et sert à empêcher des réactions de peur inappropriées, est altéré. Ce sont des symptômes de stress proprement dit. Parmi lesquels les déficits attentionnels, l’hypervigilance et la difficulté à inhiber une réponse émotionnelle ou un comportement automatique.

💡Dysfonctionnement du cortex cingulaire antérieur : régulateur des émotions et des réactions de peur inappropriées

  • Déficits attentionnels
  • Hypervigilance
  • Difficultés à inhiber une réponse émotionnelle ou un comportement automatique

Le cortex préfrontal

Le cortex préfrontal régule les émotions en inhibant les réponses émotionnelles excessives ou inappropriées. Chez les personnes atteintes de TSPT, cette capacité de régulation émotionnelle est souvent diminuée, ce qui entraîne une réactivité émotionnelle accrue et une difficulté à éteindre les réponses de peur déclenchées par des stimuli traumatiques. Une baisse de l’activité de cette région peut également entraîner des difficultés à prendre des décisions efficaces, en particulier dans des situations stressantes ou rappelant le traumatisme.

💡Capacités altérées du cortex préfrontal centre de la réflexion et du raisonnement

  • Dysrégulation émotionnelle
  • Manque de prise de recul
  • Difficulté à décider

Les chemins de la guérison : surmonter les traumatismes

La guérison d’un traumatisme est un cheminement profondément personnel. Le concept de neuroplasticité jette une lumière pleine d’espoir sur ce chemin. La neuroplasticité fait référence à la remarquable capacité du cerveau à se réorganiser en formant de nouvelles connexions neuronales tout au long de la vie. Cette capacité signifie que le cerveau peut s’adapter et se remettre de blessures et de traumatismes. En effet,  le cerveau se recâble essentiellement en réponse à de nouvelles expériences d’apprentissage ou à des changements dans l’environnement de la personne.

Les approches thérapeutiques comme la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) , la thérapie d’exposition prolongée, les pratiques de pleine conscience, la désensibilisation et le retraitement par les mouvements oculaires (EMDR)  exploitent ce concept de neuroplasticité dans la guérison des traumatismes en encourageant le développement de nouveaux schémas de pensée et de nouvelles réponses.

Ces méthodes aident à retraiter les souvenirs traumatiques et favorisent la résilience, permettant aux individus de développer des mécanismes d’adaptation plus sains. À travers le prisme de la neuroplasticité, nous voyons que la guérison d’un traumatisme ne consiste pas seulement à guérir des expériences passées. Mais il inclut aussi à favoriser de nouvelles voies neuronales dans le cerveau qui améliorent le bien-être émotionnel et psychologique de la personne ayant suivi des soins psychologiques.

💡A retenir sur les liens traumatisme et cerveau

✅ Les évenements traumatiques impactent diférentes parties du cerveau provoquant certains symptômes : 

Hyperactivation de l’amygdale : centre des émotions et de la peur

  • Conditionnement à la peur (angoisse, phobie, TOC…)
  • Intensification du souvenir traumatique
  • Flashback récurrents

Atrophie de l’hippocampe : région du cerveau responsable des souvenirs

  • Souvenirs confus de l’événement
  • Amnésie totale ou partielle
  • Incapacité à archiver le souvenir

Dysfonctionnement du cortex cingulaire antérieur : régulateur des émotions et des réactions de peur inappropriées

  • Déficits attentionnels
  • Hypervigilance
  • Difficultés à inhiber une réponse émotionnelle ou un comportement automatique

Capacités altérées du cortex préfrontal centre de la réflexion et du raisonnement

  • Dysrégulation émotionnelle
  • Manque de prise de recul
  • Difficulté à décider
 

✅ Le traumatisme et les symptômes se soignent, en sollicitant la neuroplacticité du cerveau. Les meilleures thérapies disponibles :

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