Corine Fiorenti

L'émotion, PREMIER LANGUAGE, PREMIER LIEN

30 Octobre 2022

Dans cet article nous allons explorer en quoi l’émotion est notre premier langage et l’origine de nos premiers liens. Pourquoi nos premières relations souvent avec notre mère sont tellement fondamentales ? Partons explorer l’émotion, premier language, premier lien.

Au commencement était l’émotion

Des études en psychologie ont montré que dès sa naissance le tout petit homme entre en interaction avec sa figure d’attachement, souvent sa mère. Sinon avec la personne qui lui prodige les soins. Par le regard, il décrypte les mimiques du visage de sa mère et il y réagit. Ainsi ces études montrent que les interaction, ont lieu dès le premiers moment après la naissance. Comme il est émouvant de voir le nouveau bébé à peine venu au monde qui entre en relation avec son nouvel environnement. Ce que j’appelle dans mes articles précédents « virus émotionnel » ici on pourrait s’appeler « régulation émotionnelle » ou « langage émotionnel ». Dés sa naissance le nouveau posséde les bases des compétences de la communication émotionnelle. 

A cet âge le cerveau est encore très fragile et en cours de formation. Le bébé est en matière émotionnelle aussi très dépendant de sa mère et de la maturité émotionnelle de celle-ci. Aussi l’enfant n’aura pas la même expérience émotionnelle si sa mère est heureuse et empathique. Ou si elle vit une dépression post partum. Au cours des années, plus il grandit plus son cerveau « émotionnel » murit, plus il élargit son seuil de tolérance et d’investigation. 

Les premiers liens base de la sécurité intérieure

Nous avons vu qu’avant même de nourrir ses besoins d’alimentation , de chaleur et de soin le bébé a besoin d’interactions. Ce sont les premiers liens. Et en cela aussi il reste très dépendant de ses premières figures d’attachement. Et il a un besoin vital de relation pour survivre. C’est un besoin primaire.

Dans ce contexte le tout jeune enfant est très dépendant des états émotionnels de sa figure d’attachement, le plus souvent sa mère. Les capacités de cette dernière à réguler ses émotions est primordiale pour le nourrisson qui capte tous les signaux qui lui sont envoyés. Ces premiers liens et leur construction sont déterminants pour l’enfant en devenir et pour la suite de sa vie affective à l’âge adulte.  

La capacité de la mère à répondre aux stimulations de l’enfant de façon adaptée est primordaile. Cette communication fondent les bases des interactions du petit d’homme en devenir.

Le bébé est confronté  à une telle dépendance, seul il ne peut rien faire. Le petit construit pas à pas les bases de sa sécurité affective. Une relation de confiance entre la mère et lui s’installe. Permettant peu à peu de s’autonomiser émotionnellement pour s’apaiser et grandir.

D’autre part, l’enfant comprends que sa mère est présente pour lui, il en a grand besoin. Ainsi il acquière la compétence que même si elle s’absente elle va revenir. Le lien d’attachement s’intériorise et se métabolise. L’enfant gagne petit à petit l’autonomie affective nécessaire et dont il a besoin pour découvrir le monde.

Les facteurs de risque de l'attachement

On sait maintenant que les premières années de la vie vont être prépondérantes en terme de qualité d’attachement. Ces années détermineront les caractéristiques du style relationnel pour une grande partie  du reste de la vie.

Il faudra attendre environ sept ans pour que le  cerveau de l’enfant atteigne un certain seuil de  maturité et d’indépendance émotionnelle. Dans ce laps de temps il y a bien des embuches et des aventures certaine heureuse et d’autres moins qui vont se produire. Toute la question repose sur la gravité des évenements et la capacité a y faire face (la force de la résilience).

Les principaux facteurs qui risquent de compromettre un attachement secure avec la figure d’attachement sont:

L’héritage familiale Il est fort à craindre que si la mère ou la figure d’attachement n’a pas eu elle-même de bonnes bases relationnelles, il lui sera difficile de construire une relation saine avec son enfant. Si avec sa propre mère et dans ses relations d’adulte, elle n’a pas une certaine maturité émotionnelle, les risques de reproduction sont importants. A moins qu’elle en soit consciente et décide de faire autrement. Afin de rompre le cycle des répétitions et de la transmission transgénérationnelle.

Les ruptures Les séparations brutales et/ou prolongées avec la figure d’attachement sont dommageables pour construire des bases solides de sécurité. La pire des configurations étant l’abandon par la figure d’attachement dans les six premiers mois de la vie.

La qualité de présence du père Le père joue aussi son rôle auprès de la mère et de l’enfant. Sa présence rassure la mère, elle peut s’appuyer sur lui. Il peut jouer un rôle d’apaisement et tranquillisant. Les pères absents ou dans le cas de monoparentalité, la mère n’a plus cette ressource extérieure et peut se trouver désemparée seule avec son enfant, face a un manque d’apaisement et de soutien.

La juste stimulation L’enfant a un besoin d’une juste stimulation. Nous le savons maintenant, les interactions lui sont vitale. Un enfant trop peu stimulé ou sur stimulé pourra développer soit des carences affecives (pouvant aller jusqu’à l’hospitalisme) ou de trop fortes excitations. Ces déséquilibres vont perturber les capacités de l’apprentissage de  l’autorégulation.

L’environnement familial proche L’enfant vient au monde dans un environnement familial. Ce n’est peut-être pas le premier enfant ou son caractère peut être différent de celui de sa mère. Ces caractéristiques peuvent aussi avoir d’autres incidences sur les liens d’attachements. De même avec la fratrie, le père et les ascendants. Nous connaissons tous le vilain petit canard de la famille, ou celui dont on dit celui-là il n’est pas de la famille, tellement son caractère diffère. Il n’est pas rare non plus que des moments comme la naissance d’un enfant viennent reveiller et réveler des shemas familiaux restés insconscients auparavant.

Le caractère émotionnel de l'enfant

D’autre part, le lien d’attachement à la figure maternelle ne fait pas tout. L’enfant nait aussi avec une certaine constitution, un caractère qui lui est propre. C’est la part dite « innée » de sa personnalité. C’est le code génétique qui constitue l’enfant. Ici aussi les degrés de sensibilités sont singuliers pour chacun.

La sensibilité à la douleur, peut être un frein ou un moteur. Un enfant sensible à la douleur sera plus retissent à prendre des risques qu’un enfant qui la ressent moins. Celui qui ressent moins la douleur s’exposera surement plus a des expériences nouvelles et risquées. Celui plus sensible pourra se retreindre, pour éviter la souffrance.

De même pour la sensibilité à la récompense. Certains enfants n’ont que faire de la carotte pour les faire avancer. Ils ne sont pas non plus sensible à la punition. Il sera alors plus difficile de les recadrer. Peut être faudra t il jouer d’ingéniosité pour comprendre les leviers de leur motivation.

Et enfin, il en est de même pour la sensibilité émotionnelle, nos enfants n’ont pas tous la même sensibilité émotionnelle. Les hypersensibles par exemple sont souvent surnommés les douillets affectifs. Leur grande sensibilité émotionnelle les rend plus perméable à leur environnement. Ils connaissent les montagnes russes émotionnelles. Ce qui leur demande souvent un temps plus long d’autorégulation émotionnelle.

Nous avons vu que l’émotion est notre premier langage et qu’elle va conditionner une grande partie du développement de l’enfant. La sensibilité de chacun y joue aussi pour beaucoup dans ce qui nous détermine.

Ce sont souvent ces premières expérience et en particulier la relation qui se crée avec la mère et les proches qui vont façonner une grande partie du style d’attachement propre à chacun. Ainsi se façonne la manière d’entrer en relation aux autres et au monde. Nous ne partons donc pas tous égaux dans cette aventure qu’est la vie émotionnelle et affective. Sans compter que chacun possède aussi son caractère et son propre degré de sensibilité.

Pourtant, ce qui se co-construit entre la mère et l’enfant sont les prémices et les bases d’une grande partie de l’être au monde de l’enfant. Et en particulier dans son mode relationnel d’adulte et les interactions qu’il établira avec son environnement ainsi que ses capacités d’adaptation. 

Ce sont souvent ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir des relations d’attachement sécure, que l’on retrouve dans les cabinets des psy. La ou les causes ne sont pas toujours conscientisées, car les causes sont souvent pré verbales. Le fil des consultations fait souvent apparaitre ce qui a fait défaut lors de l’attachement.  Car une fois adulte ces carences se rejouent à l’avant scene des relations (familliales, parentales, amicales, professionnelles, thérapeutique…). Tout le travail thérapeutique consiste a conscientiser et soigner les blessures émotionnelles, pour redonner vie a de nouveaux comportements relationnels plus sereins.