Corine Fiorenti

L'émotion une amie qui vous veut du bien

17 Octobre 2022

Pourquoi considérer l'émotion comme une amie qui vous veut du bien?

En premier lieu parce que le sujet des émotions est souvent banalisé. Et parce que les émotions n’ont pas toujours bonne presse dans la société occidentale et en particulier en France. Une personne qui est « émotionnellement expressive » est souvent considérée comme infantile, puérile, trop spontanée. Il est de bon ton de ne pas montrer ses émotions.  Et surtout de ne pas  les partager. C’est un gage de bonne éducation. Cela fait plus sérieux. Ces partages quand ils existent encore ne sont souvent réservés qu’à un cercle de proches et dans l’intimité. Comme si il y avait quelque chose d’obscène a montrer et partager ses émotions. Comme si cette possibilité était réservée aux seuls artistes comme les acteurs de cinéma ou de théâtre. 

Alors pour s’autoriser a se « lâcher », notre société a inventé dans des lieux clos ou la catharsis émotionnelle est autorisée, programmée et orchestrée. Comme devant un film, une série, un jeu vidéo…ou devant une match de foot entre amis ou tout autre événement sportif ou festif. Notre société aurait elle crée des lieux et des moments ou l’émotion serait socialement admise? Pour en faire une sorte de normalisation de l’expression de l’émotion, pour mieux la contenir et la controler.

L'émotion réprimée

Le corollaire à cette norme sociale émotionnelle est que nous avons réprimé nos émotions dans la vie de tous les jours. Nous ne nous autorisons plus à ressentir ce qui doit l’être et encore moins à l’exprimer.

Pourrait-on parler d’une sorte de tyrannie de l’intelligence froide, rationnelle qui est régit par l’hémisphère gauche du cerveau. Partie du cerveau certes dominant pour 80% de la population. Au détriment du fonctionnement émotionnel qui lui se loge en grande partie dans le cerveau droit. Il ne s’agit pas ici de faire la critique de cet état de fait, mais bien de prendre conscience du déséquilibre qui s’est opéré. Et de trouver une voie plus juste, dans l’intention d’amener plus de bien être et d’humanité dans nos vies. 

La question se pose, notre société n’est-elle pas malade de ne plus être en contact avec l’état naturel des émotions? N’est-il pas temps de considérer de nouveau l’émotion comme une amie qui nous veut du bien?

Mais qu'est qu’une émotion ?

Lorsque l’on s’intéresse a un sujet il est toujours bon de revenir à sa source, à son etymologie. Et comme, nous oublions que les émotions sont inerrantes à la condition humaine. Nous sommes devenons amnésiques à leurs fonctions primordiales. Qu’avons nous oublié?

Etymologiquement le mot émotion en français vient d’émouvoir et de motion « mouvement », emprunté du latin motio « action de mouvoir, mouvement, trouble, frisson… » 

En psychologie on définit l’émotion comme une réaction affective subite, temporaire et involontaire. Cette réaction est souvent accompagnée de manifestations physiques propres à chaque sentiment (peur, colère, surprise, colère…). L’émotion se caractérise par des modifications d’apparence physique notamment faciales, des comportements (cris, fuite, attaque, figement…) et des bouleversements physiologiques à l’intérieur du corps ( battement du cœur, pression artérielle, irrigation sanguine de la peau et des viscères, modifications hormonales….). 

Nous ne pouvons manifestement pas échapper à l’ensemble de ces phénomènes et manifestations. Et pourtant nous en avons bien souvent oublié ou négligé les mécanismes et les fonctions qui les régissent. Nous en ignorons les manifestations et nous les refoulons dans notre inconscient. Alors nos émotions agissent toujours plus en souterrain et en deçà de notre seuil de conscience. Et pourtant nos émotions nous veulent du bien car elles nous parlent de nous et des environnements dans lesquels nous évoluons. Nous oublions de les écouter pour entendre et comprendre ce qu’elles veulent nous dire.

L'émotion et l'inconscient au centre des préoccupations des professionnels

      Les professionnels des sciences humaines s’accordent aujourd’hui tous pour dire qu’un des attributs essentiel de la condition humaine est régit par les neurosciences affectives. Dit autrement par les émotions. Car une part appréciable de notre comportement émerge des processus auxquels nous avons que peu d’accès conscients. D’ailleurs les professionnels de la sante mentale, des recherches jusqu’à la pratique en passant par la psychologie clinique ou sociale porte sur des processus non conscient. Ces mêmes mécanismes qui opèrent dans les opérations fondamentales cerveau-corps-esprit.  

  Tout le travail des praticiens en psychologie est de faire émerger à la conscience des patients les mécanismes qui se jouent en dessous du seuil de conscience. Et bien souvent les refoulements émotionnels en font partie. 

     C’est toute la palette émotionnelle et affective qui n’a pu s’exprimer en temps et en heure qui remontent à la surface. Et c’est tant mieux, car tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime dans le corps et expose à des pathologies toujours plus complexes. 

    Le travail émotionnel n’est pas une partie de plasir car il n’est pas confortable de rencontrer les émotions négatives qui ont été habilement mises de côté. Ni d’ailleurs les prises de consciences qui y sont associées. 

    Ce peut être une colère réprimée qui protégait du risque de rebellion qui aurait engendré le rejet ou l’abandon. Mais qui aujourd’hui pourrait être nécessaire afin de s’indigner et se rebeller ou simplement poser des limites saines et s’affirmer. 

     Ce peut être une peur réelle, vécu lors d’un accident, ou le pronostic vital a été engagé. Qui a été refoulée pour protéger la personne au moment de l’accident. Mais qui est restée enkystée et qui ne demande qu’a être libérée.

    Rencontrer ses sentiments est un travail salutaire et très libérateur pour la tête, le coeur et le corps. Et permet de renouer avec le bien être, la santé et son intégrité singulière.

     Alors oui, l’émotion est bien une amie qui nous veut du bien au quotidien!