Corine Fiorenti

Vivre le deuil: Quel soutien psychologique ou psychothérapie?

Versailles Janvier 2023

Nous sommes tous, un jour ou l’autre de notre vie, confrontés au deuil que se soit à cause de la perte d’un être cher ou toute autre rupture. Et bien souvent ces pertes s’accumulent sans que nous complétions entièrement le processus des deuils que nous vivons. Alors nous ruminons. Cela nous empêche de vivre une vie heureuse et épanouie. Se pose alors la question de la pertinence de se faire accompagner avec un soutien psychologique pour un accompagnement du deuil ou de faire une psychothérapie de soutien pour accompagner le processus.

Qu'est ce que le deuil?

Le deuil concerne en premier lieu la mort d’un être cher. Une rupture amoureuse ou amicale, la perte d’un animal de compagnie, un divorce. Ce peut aussi être la perte d’un être cher, la perte d’un emploi, de son pays, de sa maison, d’une voiture, le départ des enfants, le deuil d’une relation, un deuil amoureux, la fin d’un idéal professionnel ou d’un projet, la perte d’une partie de son corps ou de sa validité (des suites d’une maladie ou d’un accident)… Toutes ces épreuves de vie au mieux fragilisent. Au pire, elles peuvent aller jusqu’à des traumatismes, des blooccages émotionnels et se transforment alors en deuil pathologiques. Personne n’est épargné. Nous allons tous être touché de tout notre être, au plus profond. Notre sécurité de base sera alors menacée. Parfois même ébranlée. Durant ces périodes, c’est notre rapport au monde qui se trouve bouleversé.

Ces pertes de liens et changements majeurs de notre existence génèrent stress et souffrance. Dont la mort d’un conjoint est reconnue comme la plus douloureuse. 

D’autres pertes sont aussi difficiles comme le deuil d’un enfant. Car c’est tout un projet de vie qui s’effondre. 

La soudaineté et la brutalité de certaines pertes comme le suicide d’un proche, les maladies foudroyantes, les accidents, les catastrophes naturelles, la guerre, les attentats, les meurtres sont aussi des facteurs de stress plus importants encore.  Car elles sont imprévues et violentes. Accepter ce type de deuil difficile auxquelles nous ne sommes pas préparé demande un travail complémentaire pour accépter la perte. 

Les 4 étapes du processus de deuil

Les étpaes que traversent chaque personnes lors d’un deuil sont clairemet identifiées par les plus grands spécialistes en psychologie sur la question. Que ce soit Elisabeth Kubbler Ross,  Christophe Fauré, Anne Ancelin Schutzenberger, Marie de Hennezel, Evelyne Jeufroy Bissone (avec qui j’ai eu la chance de travailler)… tous s’accordent sur les étapes du processus psychologique à l’oeuvre que l’on peut résumer en 4 étapes. C’est dans la courbe du deuil qu’Elisabeth Kubbler Ross a identifier les différnetes phases du deuil:

Courbe du deuil Elisabeth Kubler Ross

Etape 1 : le choc

C’est le choc et la sidération de l’événement. Souvent à ce stade les émotions sont bloquées et l’action prédomine. Cela permet d’agir pour organsier ce qui doit l’être (funérailles, enterrement, cérémonie du deuil, rites, rituels…). Il y a une sorte de déni de la perte. La perte est si importante que le corps et le psychisme protègent la personne de la souffrance qui est alors trop forte.

Etape 2 : la perte impensable

Cette période est caractérisée par des envies de fuite, d’agitation et de stress. L’émotion dominante est la colère. La personne fait revivre le défunt ou la perte dans sa réalité matérielle. Elle s’attache a des objets, aux photos malgré l’absence…. Dans cette période de marchandage, la perte n’est pas encore métabolisée. Après la mort d’un proche, des phénomènes de vécus subjectifs avec le défunt peuvent aussi apparaitre pendant cette étape du deuil.

Etape 3 : la souffrance de la perte inéductable

C’est la phase la plus difficile, le creux de la vague. Il y a une vraie prise de conscience. La perte du lien est irrémédiable. Plus rien ne sera comme avant. La personne traverse un tunnel sans fond, d’une profondeur abyssale. Les sentiments de manque, de perte et d’absence sont à leur comble. La personne va souvent très mal, elle peut avoir des angoisses. La souffrance est à son maximum physiquement, émotionnellement et mentalement. Nous observons des émotions dominantes comme le sentiment de solitude, voir d’isolement, la tristesse, le vide. Cela peut aller jusqu’à une coloration dépressive. C’est pendant cette période que le soutien psychologique ou la psychothérapie sont en général sollicités que se soit auprès d’un psychiatre, d’un psychologue ou d’un psychothérapeute. Ces professionnels apportent l’accompagnement et le soutien nécessaire.

Etape 4 : intériorisation du lien et sens nouveau

Petit à petit l’accéptation de la perte prend de plus en plus de place et jusuq’à sa digestion complète. La personne va intérioriser le lien, elle porte l’être cher dans son coeur et ne le perdra plus jamais. Elle est maintenant plus sereine et retrouve la paix intérieure. Elle peut mettre un sens nouveau sur la relation. C’est une redéfinition de soi par rapport aux autres. Cette phase de reconstruction permet de retourner dans la vie, pour aimer de nouveau. Dit autrement, le cœur est si vaste que l’on peut aimer autrement. La personne defunte vit au travers d’un héritage laissé, le lien ainsi transformé devient résilience. C’est par exemple cette amie qui s’est battue tant d’années contre la maladie, dont j’admire et honore encore aujourd’hui le courage à chaque fois que j’en manque. La mémoire de son courage et de son combat sont devenus des ressources pour moi. Lorsque je m’y relie, cela m’aide à surmonter l’adversité et à retrouver l’énergie dont j’ai besoin pour avancer et aller de l’avant.

5 conseils pour vivre son deuil en toute bienveillance

Prendre soin de soi, au travers du:

  • Prendre soin de son corps et se poser les questions suivantes : Comment je mange? Comment je dors? Quelle est mon activité physique (marche, massage…)?
  • Nous gagnerons aussi à prendre soin de nos émotions. Pour soi dans la solitude (c’est le travail intérieure du deuil ou introspection) ou par la parole avec les autres (c’est le besoin de partage qui permet de renforcer les liens existants). D’autres médias comme l’écriture  (rédaction d’un journal) ou l’art thérapie peuvent aussi aider à l’expression des sentiments (déni, tristesse, marchandage, culpabilité, colère, haine…)
  • Le soutien social est lui aussi un allié pour traverser cette période délicate. Un réseau de qualité qui pourra être témoin de la peine et de la souffrance, apporter du réconfort. Même si l’on est tenté de s’isoler socialement, faire l’effort de conserver les liens sera bénéfique. Se mettre en lien avec d’autres être humains qui vivent la même chose (groupes de parole, groupes d’entraide) peut être une autre solution pour trouver le reconfort et la compréhension dont on a besoin. Ces lieux offrent un espace de parole ou parler de la mort, se situer dans le travail de deuil, trouver un lieu d’apaisement…
  • Veiller aux impacts de la dimension matérielle et financière que peut engendrer la perte sont aussi à prendre en compte.
  • Enfin le deuil est souvent un moment opportun pour se ressourcer dans la spiritualité. Certaine personnes trouvent refuge dans les traditions spirituelles ou philosophiques de leur tradition. D’autres souhaitent explorer de nouvelles sources d’inspiration. Des moments de méditation permettent de mieux se relier au processus psychologique en cours qui sollicite fortement les compétences émotionnelles. 

Comment le soutien psychologique et la psychothérapie de soutien peuvent accompagner les personnes en deuil ?

Deuil : Un travail singulier pour chacun

Les moments de deuils nous fragilisent tellement dans notre vie que c’est une période ou l’on a peut être le plus besoin d’aide psychologique ou d’entreprendre une psychothérapie de soutien.

Aussi pour traverser ces périodes délicates, l’accompagnement des personnes par la psychothérapie et le soutien psychologique offre une source d’aide et de réconfort pour accepter et comprendre la singularité de son fonctionnement. La psychothérapie permet de comprendre ce qui se passe pour la personnes, ce qu’elle ressent et de retrouver un apaisement. Mais aussi de l’accompagner pour apprivoiser la souffrance et lui donner un sens nouveau. Elle permet surtout de transformer la situation et d’en faire quelque chose. Ce que certains appellent le cadeau caché. 

Etre accompagné pour rencontrer sa souffrance

La mort, la rupture engendre de la souffrance, c’est une blessure psychique. A l’image d’une blessure physique sur le corps, elle cicatrise.  Avec tout les mécanismes d’autoguérissons qui y sont associés. Lorsque la personne en prend soin, la guerrison de la plaie est favorisé. Lorsque que l’on prend soin de sa souffrance cela impacte favorablement le processus de guérison. Les étapes du deuil comme les étapes de la cicatrisation sont des processus naturels. Ils ont besoin d’une attention particulière. La psychothérapie apporte les conditions nécessaires pour faire ce travail en toute bienveillance. C’est de la  rupture du lien émotionnel dont il s’agit ici de s’occupper. L’alliance thérapeutique et la relation thérapeutique viennent soigner ce qui doit l’être.

Le cadre thérapeutique ouvre un espace de confiance et sécurisant ou exprimer des sentiments et émotions parfois paradoxales et intenses. Car ces périodes peuvent aussi être accompagnées d’un remaniement de tout le système familiale. Le psychologue ou le thérapeute apporte l’accueil et le soutien nécessaire au déroulement des différentes phases du processus psychique à l’œuvre dans toutes les étapes que traverse le patient. La perte et la séparation forment un manque, un creux,  un vide qui une fois traversés pourront être transformés. La souffrance et les blessures associées aux pertes ne s’effacent pas, ne s’oublient pas. Elles façonnent et transforment la personne, la famille pour aller vers une nouvel élan créateur.

 

L’intériorisation du lien, l’énergie de la relation après la perte reste le noeud du travail  d’intériorisation.

Le travail psychocorporel sur les émotions pourra accompagner le double processus (cognitif et émotionnel), afin de comprendre et de rencontrer les tensions émotionnelles et les apaiser. Identifier et détendre les parties du corps ou ces tensions se sont logées. La Gestalt thérapie est particulièrement adaptée dans le soutien et l’expression des émotions. Cette psychothérapie profondément humaniste viendra accueillir, soutenir et contenir la personne aux endroit ou elle en a le plus besoin, et permettra d’accompagner et de donner un sens nouveau à la perte. Elle est indiquée comme psychothérapie de soutien deuil.

La travail thérapeutique du deuil peut être aussi comparé à un espace transitionnel qui permet au patient de faire un pas de côté pour prendre soin de son bien être psychologique. Il trouve dans la relation thérapeutique basée sur la confiance du lien, le soutien et la sécurité nécessaire pour qu’au fil des séances pertes et ruptures s’élaborent. Et enfin pour qu’un « après »  acceptable, lui permettent de revenir dans la fluidité de la vie.

Les contraintes existentielles

Le deuil, vient aussi confrontées aux contraintes existentielles de la finitude inélucatble de la vie humaine. De la solitude, car dans ce travail de la perte du lien, la personne est finalement seule a affronter la souffrance de ce lien si intime.  Elle seule a connaissance de la réalité qu’à été la relation. Il lui appartient aussi la responsabilité  de métaboliser et d’internaliser le lien pour le garder a jamais au plus profond de son coeur et s’autoriser à aimer de nouveau. Votre psychologue ou votre thérapeute pourront vous y aider.